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Buffet froid

Bertrand Blier, 1979

Alphonse, un trentenaire au chômage, fait la connaissance d’un homme en attendant le métro.

Plus tard dans la soirée, il le retrouve en train de mourir, son propre couteau planté dans le ventre.

Quand il rentre dans la tour où il vit seul avec sa femme, Alphonse fait la connaissance de Morvandiau, un bien étrange inspecteur de police, et d’un vieil assassin paranoïaque.

Ensemble, ils s’apprêtent alors à vivre une nuit complètement folle, peuplée de situations rocambolesques et de meurtres absurdes.

Durée 95 minutes

  • Gérard Depardieu : Alphonse Tram
  • Bernard Blier : Inspecteur Morvandiau
  • Jean Carmet : Le vieil assassin
  • Michel Serrault : Le comptable
  • Jean Rougerie : Eugène Léonard
  • Geneviève Page : La veuve de Léonard
  • Carole Bouquet : La jeune fille

AUTOUR DU FILM

  • C’est un rêve qu’il faisait très souvent qui inspira l’idée du film à Bertrand Blier. Dans son rêve, il se voyait poursuivi par des policiers… Le même rêve que le personnage joué par Gérard Depardieu dans le film. Ce thème d’une arrivée massive de forces de police à l’écran est une scène récurrente dans le cinéma de Blier.
  • C’est le troisième et dernier film où le fils Bertrand Blier met en scène son père Bernard, après Si j’étais un espion (1967) et Calmos (1976)
  • La scène dans le métro, au début du film, a initialement été tournée avec Jacques Rispal dans le rôle du comptable assassiné. Mécontent du résultat, Bertrand Blier fit appel à Michel Serrault (non crédité au générique) pour le remplacer.
  • Lors de sa sortie en salles en 1979, Buffet froid connut seulement un succès critique, car le public bouda le film à l’époque, totalisant 777 000 entrées en France et les rares spectateurs ayant vu le film demandaient le plus souvent à se faire rembourser comme après une mauvaise pièce de théâtre. Mais il va acquérir le statut de film culte grâce à son lot de supporters qui auront tôt fait d’établir sa réputation.

Les diaboliques

Henri-Georges Clouzot, 1955

Christina mène une existence malheureuse auprès de son mari, le tyrannique Michel Delasalle, directeur du pensionnat pour garçons dont elle est propriétaire.

Elle sait qu’une des institutrices, Nicole Horner, est sa maîtresse, mais cela n’a pas empêché les deux femmes de se rapprocher l’une de l’autre.

Christina voit en effet en Nicole une compagne d’infortune, partageant avec elle sa haine envers Michel. Lorsque Nicole demande à Christina de l’aider à tuer Michel, celle-ci accepte.

Durée 114 minutes

  • Simone Signoret : Nicole Horner
  • Véra Clouzot : Christina Delassalle
  • Paul Meurisse : Michel Delassalle
  • Charles Vanel : le commissaire à la retraite Alfred Fichet
  • Pierre Larquey : monsieur Drain
  • Michel Serrault : monsieur Raymond
  • Jean Brochard : monsieur Plantiveau
  • Noël Roquevert : monsieur Herboux
  • Robert Dalban : le pompiste

AUTOUR DU FILM

  • Parmi les élèves du pensionnat se trouvent deux enfants célèbres : Georges Poujouly et Johnny Hallyday.
  • Le film est très différent du roman « Celle qui n’était plus » de Boileau-Narcejac car, dans celui-ci, les personnages sont inversés : l’époux et sa maîtresse assassinent l’épouse, le mari finit par se suicider. L’époux est simple voyageur de commerce, l’épouse est femme au foyer à Enghien-les-bains et la maîtresse, médecin à Nantes, est montrée comme ayant un statut social et une intelligence plus élevés. Celle-ci est en fait la maîtresse des deux époux et les manipule.
  • Le film a fait l’objet, en 1996, d’un remake réalisé par Jeremiah S. Chechik, sous le titre Diabolique, interprété par Sharon Stone (la maîtresse), Isabelle Adjani (la femme) et Chazz Palminteri (le mari). La fin en est toutefois très différente.
  • Avant ce remake de 1996, une première adaptation américaine en avait été donnée en 1974, pour la chaîne télévisée ABC, intitulée Reflections of Murder, avec Tuesday Weld, Joan Hackett, et Sam Waterston.
  • Alfred Hitchcock, après le succès du film, demanda à Boileau-Narcejac de lui écrire un scénario dans la même veine que celui des Diaboliques : ce fut Sueurs froides.
  • À noter, l’apparition de Jean Lefebvre en soldat ivre et celle de Michel Serrault, qui débutait au cinéma.
  • Clouzot place une partie de l’action à Niort dont il était originaire.
  • La scène du transport de la malle hors de la maison de Nicole a été tournée à Montfort-L’Amaury, petite rue près du centre-ville. Henri-Georges Clouzot résidait, à cette époque, dans cette petite ville des Yvelines où d’ailleurs les extérieurs du film Le Corbeau ont été filmés.
  • Le pensionnat Delasalle est le château de L’Étang-La-Ville dans les Yvelines, à l’époque laissé à l’abandon, après son utilisation comme casernement par un régiment allemand pendant l’occupation; Henri-Georges Clouzot avait fait creuser dans la cour une piscine sommaire sans arrivée ni évacuation d’eau, mais profonde.
  • Clouzot était un maniaque du réalisme : les scènes de nuit étaient réellement tournées la nuit avec tous ses inconvénients.
  • La scène d’immersion du cadavre dans la piscine a été tournée avec un vrai corps, celui bien vivant du garde-barrière tout proche. Cette scène nocturne a donné lieu à trois ou quatre prises, perturbées par des aboiements, des claquements de portière, l’indiscipline des gens du village venus assister à « l’exploit », au grand dam du garde-barrière frigorifié. Tout cela pour qu’à l’écran le corps chutant ne soit pas visible.
  • Clouzot était extrêmement exigeant avec Véra, son épouse dans la vie, comme avec tous ses acteurs. Il pouvait la secouer physiquement, lui crier après, la pousser à bout, lui faire refaire dix-huit prises d’une scène de quelques secondes.
  • Après y avoir tourné quelques scènes d’intérieur, Clouzot songea à transformer le château en studio de cinéma puis y renonça devant l’ampleur des travaux. Quinze années plus tard, la commune racheta puis restaura le château pour en faire sa mairie.
  • Le commissaire Fichet joué par Charles Vanel a souvent été mentionné comme probable inspiration pour le personnage de Columbo, créé pour la télévision et le théâtre au début des années 1960, puis définitivement incarné par Peter Falk au tournant des années 1970.

Garde à vue

Claude Miller, 1981

Garde à vue Miller_81Le corps d’une fillette, violée puis étranglée, a été retrouvé dans les dunes.

Huit jours plus tôt, dans la même région, une autre fillette avait également été violée et étranglée, apparemment par la même personne.

Cherbourg, six semaines plus tard, le soir de la Saint-Sylvestre. L’inspecteur Antoine Gallien, secondé par son adjoint Belmont, reçoit au commissariat le notaire Martinaud, notable local.

Martinaud connaissait bien l’une des fillettes, et un certain mystère plane sur sa vie privée. Le huis-clos oppressant et implacable commence.

Durée 84 minutes

  • Lino Ventura : inspecteur Antoine Gallien
  • Michel Serrault : Jérôme Martinaud
  • Romy Schneider : Chantal Martinaud
  • Guy Marchand : inspecteur Marcel Belmont
  • Jean-Claude Penchenat : commissaire divisionnaire
  • Pierre Maguelon : inspecteur Adami
  • Michel Such : Jean-Marie Jabelain
  • Elsa Lunghini : Camille

AUTOUR DU FILM

  • Le film, très bien accueilli par la critique au moment de sa sortie, a également séduit le public puisqu’il totalise un peu plus de 2,1 millions d’entrées en salles.
  • C’est le célèbre dialoguiste Michel Audiard qui a découvert le livre de John Wainwright, À table ! (Brainwash), sur lequel est basé le scénario. Il en parle alors au producteur Georges Dancigers qui prend à son tour contact avec Claude Miller, alors au tout début de sa carrière de réalisateur, lui qui avait été l’assistant de Robert Bresson, Jean-Luc Godard et Jacques Demy, et le directeur de production de François Truffaut, tous figures emblématiques de la Nouvelle Vague. À ce moment-là, Miller n’a plus réalisé de longs-métrages depuis quatre ans, découragé par le cuisant échec de son deuxième film Dites-lui que je l’aime. Mais Garde à vue le relance complètement et reste le second meilleur score au Box-office français de sa carrière derrière L’Effrontée.
  • La future chanteuse Elsa Lunghini apparaît ici pour la première fois au cinéma, dans le rôle de Camille, la jeune fille dont Jérôme Martinaud tombe sous le charme, déclenchant ainsi la jalousie de son épouse.
  • Ici, Michel Audiard, réputé pour ses dialogues comiques et son sens de la formule détonnant, abandonne quelque peu sa verve habituelle pour privilégier une approche plus profonde et plus subtile des personnages. Ce qui lui vaudra le seul et unique César venu récompenser sa pléthorique filmographie.
  • Réminiscence fortuite, certaines scènes de la garde à vue rappellent Quai des Orfèvres y compris l’homonymie du nom Martinaud.

En toute innocence

Alain Jessua, 1987

En toute innocence Jessua_88Paul Duchêne, un notable bordelais, doit rejoindre son fils Thomas pour affaires à Genève.

En route, il s’aperçoit qu’il a oublié quelque chose. Il fait donc demi-tour et surprend sa bru Catherine en situation compromettante avec Didier, collaborateur et ami de Thomas.

Aveuglé par la colère, il fonce alors pour rejoindre son fils, mais sa voiture s’encastre dans un 36 tonnes. Il se retrouve avec les deux jambes cassées.

L’inspecteur Meunier enquête sur l’accident de Paul.

S’ensuit une longue guerre psychologique entre Paul et Catherine, où cette dernière, après l’avoir supplié de lui pardonner, essaye d’éliminer son beau-père.

Durée 100 minutes

  • Michel Serrault : Paul
  • Nathalie Baye : Catherine
  • François Dunoyer : Thomas
  • Suzanne Flon : Clémence
  • Philippe Caroit : Didier
  • Sylvie Fennec : Geneviève
  • Bernard Fresson : Serge Cohen
  • Anna Gaylor : Anna
  • Frankie Pain : la masseuse

Les Gaspards

Pierre Tchernia, 1974

Les gaspards Tchernia_72Jean-Paul Rondin (Michel Serrault) est libraire à Paris, près du Panthéon. Il est mécontent car sa boutique est située près d’un chantier de rénovation de la ville ordonné par le ministre des Travaux publics (Charles Denner).

Un soir, la fille de Rondin disparaît brusquement après avoir quitté son groupe d’amis. Le commissaire Lalatte (Michel Galabru), que Rondin est allé voir, pense qu’il s’agit d’une fugue. Rondin décide de mener seul son enquête et d’aller explorer les sous-sols de Paris.

La disparition d’une vingtaine de touristes venus visiter les catacombes — parmi lesquels un jeune Américain du nom de Nixon et dont le patronyme est identique à celui du président des États-Unis à la même période —, va finalement inciter Lalatte à réagir, d’autant que, parallèlement, certains objets disparaissent des musées et que des aliments sont volés dans les caves ou sous-sols des commerçants du quartier.

Il s’agit en fait de l’œuvre d’un groupe militant de la mouvance hippie, « les Gaspards » (terme argotique signifiant « les rats ») qui habitent les sous-sols de Paris. Menés par leur chef, Gaspard de Montfermeil (Philippe Noiret), ils ont enlevé ces individus afin que les travaux cessent et que le ministre cède.

Durée 90 minutes

  • Michel Serrault : Jean-Paul Rondin
  • Chantal Goya : Marie-Hélène Rondin, sa fille
  • Philippe Noiret : Gaspard de Montfermeil, chef des « Gaspards »
  • Michel Galabru : le commissaire Lalatte
  • Annie Cordy : Ginette Lalatte, sa femme
  • Charles Denner : le ministre des Travaux publics
  • Prudence Harrington : Pamela Pendleton-Pumkin
  • Gérard Depardieu : le facteur
  • Jean Carmet : Paul Bourru
  • Roger Carel : Alberto Sopranelli
  • Hubert Deschamps : l’abbé Lestinguois
  • Bernard Lavalette : le ministre de l’Intérieur
  • Jacques Legras : Bougras
  • Michel Muller : Nicolas
  • Gérard Hernandez : l’inspecteur Hervé Balzac

CONTEXTE

La présidence de Georges Pompidou, qui succède au général de Gaulle après les événements de mai 1968, est marquée par la mise en chantier de travaux considérables dans la capitale, comme l’extension du boulevard périphérique, l’aménagement du quartier de La Défense et des voies sur berges, la construction de la tour Montparnasse ou encore la destruction des Halles de Paris. Dans ce contexte, un mouvement écologiste et environnemental commence à se former, inspirant le scénario de René Goscinny et Pierre Tchernia.

On peut y voir des images du trou des Halles ainsi que de la construction de La Défense.

Chantal Goya entamera sa nouvelle carrière de chanteuse pour enfants quelques mois plus tard.

C’est la deuxième réalisation au cinéma de Pierre Tchernia après Le Viager en 1972. On retrouve certains acteurs : Michel Serrault, Bernard Lavalette, Jean Carmet, Michel Galabru et Gérard Depardieu, lequel va devenir célèbre un mois plus tard avec le film Les Valseuses.