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Eaux profondes

Michel Deville, 1981

Eaux profondes Deville_81À Jersey, Mélanie et Vic forment un couple particulier, même s’ils sont bien intégrés dans la population locale.

Mélanie séduit d’autres hommes et Vic regarde son épouse dans les bras des autres, sans manifester extérieurement la moindre jalousie.

Il s’arrange toutefois pour faire peur aux prétendants et les éloigner de sa femme.

Un jour, celle-ci s’éprend du pianiste Carlo. Lors d’une soirée, Vic le tuera en faisant croire à une mort accidentelle dans une piscine.

L’enquête conclut à l’accident, mais Mélanie accuse son mari. Arrive alors un Canadien, que Mélanie séduit à nouveau.

Durée 94 minutes

  • Isabelle Huppert : Mélanie
  • Jean-Louis Trintignant : Vic
  • Sandrine Kljajic : Marion Allen
  • Philippe Clévenot : Henri Valette
  • Robin Renucci : Ralph
  • Christian Benedetti : Carlo
  • Jean-Michel Dupuis : Philip Cowan
  • Bruce Myers : Tony Cameron
  • Martine Costes : La maman de Julie

Dupont Lajoie

Yves Boisset , 1974

Dupont lajoie Boisset_75Georges Lajoie est cafetier à Paris, place d’Aligre.

C’est un homme jovial, renfrogné, hypocrite, volontiers raciste. Sa femme, également raciste, Ginette (Ginette Garcin), est docile et naïve. Les Lajoie, avec leur fils Léon, bachelier, partent avec leur nouvelle caravane passer leurs vacances, comme chaque été, sur la côte provençale, au « Camping Caravaning Beau-soleil », tenu par Loulou, un Pied-Noir.

Les Lajoie y retrouvent les Schumacher, huissier de justice à Strasbourg, et les Colin, vendeurs de sous-vêtements sur les marchés. Ces bons Français du Nord se répandent en lieux communs, notamment sur la paresse supposée des « gens du Sud », mais néanmoins veulent sympathiser avec les Vigorelli, des Italiens nouveaux venus au camping. Vigorelli est chef de chantier et apprécie comme « de la merde » les nouveaux immeubles construits par Loulou pour les vacanciers, grâce au travail à bas salaires d’ouvriers algériens, logés dans un baraquement. Mais Vigorelli et Loulou parlent arabe et respectent les ouvriers immigrés pour leur ardeur au travail.

Lors d’un bal, Georges Lajoie s’en prend violemment à l’un de ces ouvriers, venu danser un peu trop près de la belle Brigitte, la fille de Colin.

L’empoignade amène les gendarmes qui, naturellement, embarquent seulement les Algériens.

Durée 100 minutes

  • Jean Carmet : Georges Lajoie
  • Pierre Tornade : Colin
  • Ginette Garcin : Ginette Lajoie
  • Pascale Roberts : Madame Colin
  • Jean Bouise : l’inspecteur Boulard
  • Michel Peyrelon : Albert Schumacher
  • Odile Poisson : madame Schumacher
  • Jean-Pierre Marielle : Léo Tartaffione
  • Robert Castel : Loulou
  • Isabelle Huppert : Brigitte Colin
  • Abderrahmane Ben Kloua : Saïd
  • Jacques Villeret : Gérald
  • Pino Caruso : Vigorelli
  • Victor Lanoux : l’ancien d’Algérie

AUTOUR DU FILM

En dehors du café situé à Paris XIIe, place d’Aligre, angle rue Beccaria (aujourd’hui disparu) – dont l’intérieur est un autre café de la place d’Aligre, angle rue d’Aligre (aujourd’hui encore dans son jus), le reste du film a été tourné en Provence essentiellement dans le Var. La plage avec le pont en arrière plan est celle de Saint Aygulf. D’autres scènes ont été tournée à Fréjus. Le discours du maire et celui de Léo Tartafionne a été tourné à Tourtour (on y voit les deux ormeaux appelés « Sully », plantés en 1638 et aujourd’hui disparus). L’embouteillage peu avant l’arrivée au camping semble avoir été tourné dans le village de Tourves.

La Cérémonie

Claude Chabrol, 1995

La cérémonie Chabrol_95Sophie (Sandrine Bonnaire) est engagée comme bonne à tout faire par un couple de bourgeois. Jeune femme timide et introvertie, elle est analphabète, mais le cache soigneusement car elle en a honte.

Elle se lie peu à peu avec Jeanne (Isabelle Huppert), la postière du bourg, une femme au passé trouble. Cette dernière voue une haine et une jalousie sans limite aux Lelièvre, les patrons de Sophie (Jean-Pierre Cassel et Jacqueline Bisset).

Jeanne hait tout autant leur fille, Melinda,(Virginie Ledoyen) malgré le service que celle-ci un jour lui rend quand sa voiture tombe en panne en pleine campagne. Progressivement Jeanne monte Sophie contre les Lelièvre.

Un jour, Melinda découvre par hasard l’analphabétisme de Sophie et lui propose son aide. Honteuse de son état, Sophie la menace afin qu’elle garde son secret, mais la jeune fille s’empresse de tout raconter à son père, qui décide de licencier la bonne.

Durée 111 minutes

  • Sandrine Bonnaire : Sophie, la bonne
  • Isabelle Huppert : Jeanne, la postière
  • Jacqueline Bisset : Catherine Lelièvre
  • Jean-Pierre Cassel : Georges Lelièvre, le mari de Catherine
  • Virginie Ledoyen : Melinda Lelièvre, la fille de Georges
  • Valentin Merlet : Gilles Lelièvre, le fils de Catherine
  • Jean-François Perrier : le prêtre
  • Julien Rochefort : Jérémie
  • Dominique Frot : Madame Lantier
  • Christophe Lemoine : le marchand de lunettes

AUTOUR DU FILM

Adaptation du roman L’Analphabète de Ruth Rendell, lui-même librement inspiré du fait divers célèbre qui vit les sœurs Papin assassiner leurs patronnes, ainsi que de la pièce de Jean Genet Les Bonnes.

Le juge et l’assassin

Bertrand Tavernier, 1976

En 1893, Joseph Bouvier, ancien sergent d’infanterie réformé en raison de ses crises de violence, tire sur sa fiancée qui veut le quitter avant de retourner son arme contre lui.

Elle survit et lui aussi, malgré les deux balles restées logées dans la tête.

Esprit simple et exalté, nourri de slogans anarchistes, il devient vagabond à la suite de sa libération de l’asile où son geste l’avait conduit. Dès lors, parcourant la France à pied, il égorge et viole sur son chemin de jeunes bergers ou bergères.

S’intéressant à cette affaire, un juge de province, Émile Rousseau, a suivi patiemment Bouvier à la trace.

Une fois l’assassin arrivé dans sa région, il obtient son arrestation sur la base d’un signalement composé à partir de témoignages. Si Bouvier pense qu’on va le soigner, Émile Rousseau, par arrivisme, s’efforce de ne pas croire à sa folie.

Voyant dans cette affaire l’occasion unique d’une promotion, il instaure une relation de confiance avec Bouvier, base d’une mécanique huilée pour obtenir des aveux complets et sa condamnation à mort.

Durée 110 minutes

  • Philippe Noiret : Le juge Rousseau
  • Michel Galabru : Joseph Bouvier
  • Isabelle Huppert : Rose
  • Jean-Claude Brialy : le procureur Villedieu
  • Renée Faure : Madame Rousseau
  • Cécile Vassort : Louise Lesueur
  • Yves Robert : le professeur Degueldre
  • Jean-Roger Caussimon : le chanteur des rues
  • Jean Bretonnière : le député
  • Monique Chaumette : la mère de Louise
  • Aude Landry : Suzanne, la sœur de Rose
  • Michel Fortin : le chirurgien de l’hospice
  • Daniel Russo : le gardien
  • François Dyrek : le chemineau libéré
  • Christine Pascal : une gréviste (non créditée)

AUTOUR DU FILM

  • Le film est inspiré de faits réels : la cavale sanguinaire de Joseph Vacher (Vacher qui garde des vaches, Bouvier qui garde des bœufs) qui a tué au moins une vingtaine de personnes à la fin du XIXe siècle. Vacher est un personnage historique bien connu des criminologues, qui peut être considéré pour la France comme le pendant de Jack l’Éventreur pour l’Angleterre. Bouvier a même accroché dans sa cellule une affiche de lui, agressant une bergère, tirée en réalité du Petit Journal de 1898 montrant un homme agressant une jeune femme, titrée : « Un nouveau Vacher »1.
  • Le rôle du baryton patriote Âne rouge qui interprète la chanson Sigismond le Strasbourgeois est tenu par Robert Morel dit Bob, un ancien membre des services secrets français qui lutta contre les militants de l’OAS en Algérie et qui fut garde du corps de Charles de Gaulle2.
  • Plusieurs scènes ont été tournées sur le Chemin de fer du Vivarais entre Tournon et Lamastre, au château de Boulogne ainsi qu’à Thines et à Largentière en Ardèche.
  • La collaboration entre Bertrand Tavernier et Jean Aurenche pour l’écriture de ce film est évoquée dans le documentaire Jean Aurenche, écrivain de cinéma d’Alexandre Hilaire et Yacine Badday.

BANDE ORIGINALE

La bande originale du film a été composée et écrite par Philippe Sarde et Jean-Roger Caussimon. Au delà des illustrations sonores très riches (extraits d’opéras et airs populaires de la fin du XIXe siècle), le réalisateur a commandé trois chansons spécialement écrites pour le film.

La première chanson, intitulée Sigismond le Strasbourgeois, est une chanson aux airs patriotiques qui retrace la vie d’un jeune Alsacien ayant opté pour la France en 1871 et qui choisit de s’engager dans l’armée pour partir dans les colonies.

La seconde chanson a été composée sur le mode de la complainte, un genre populaire que chantaient des chansonniers qui parcouraient les routes, inventaient des chansons s’inspirant de l’actualité, les interprétaient et les vendaient par feuillets. Elle s’appelle La Complainte de Bouvier l’éventreur et est interprétée dans le film par Jean-Roger Caussimon lui-même.

  • Petit berger, jolie bergère, innocent joueur de pipeau, quand vos moutons se désaltèrent à l’onde claire d’un ruisseau. Dans les roseaux, dans les fougères, vous redoutez de voir le loup, ravir un agneau tout à coup et l’emporter dans sa tanière.

La dernière chanson, qui conclut le film, est quant à elle inspirée des chants révolutionnaires de la Commune de Paris. Elle s’intitule La Commune est en lutte et sert à deux reprises d’illustration sonore au film : la première fois — interprétée par Michel Galabru — lorsque Joseph Bouvier attend les gendarmes encerclé par les bergers qui l’ont pris en flagrant délit, et la seconde fois lors de la scène finale qui retrace une grève ouvrière réprimée par la gendarmerie. Cette dernière chanson a fait l’objet de plusieurs interprétations : par Jean-Roger Caussimon, au concert de Jean-Roger Caussimon, par Serge Utgé-Royo et par Dominique Grange.