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Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon

Elio Petri, 1970

Un commissaire de police crypto-fasciste tue un soir sa maîtresse, humilié par son attitude et les propos qu’elle vient de lui tenir.

L’homme, obnubilé par ses principes moraux et son goût de l’ordre, ne peut s’empêcher de semer toutes sortes d’indices susceptibles de mener l’enquête (dont il est le responsable) jusqu’à lui.

« Il Dottore » joue ainsi à une sorte de jeu pervers et profondément ambigu censé tester sa mainmise sur son département et prouver son incorruptibilité

Il est même promu à la direction de la Sûreté de l’Etat), tout en mettant à l’épreuve sa propre moralité de façon hautement cynique et malsaine

Selon lui, toutes les entreprises subversives doivent tomber sous le coup de la loi.

Durée 115 minutes

  • Gian Maria Volontè : Le Docteur
  • Florinda Bolkan : Augusta
  • Gianni Santuccio : Le Questeur
  • Salvo Randone : Le plombier
  • Orazio Orlando : Biglia
  • Sergio Tramonti : Pace
  • Arturo Dominici : Mangani
  • Massimo Foschi : Le mari d’Augusta
  • Aldo Randine : Le nouveau chef de la section criminelle

AUTOUR DU FILM

La bande originale d’Ennio Morricone, au style reconnaissable entre tous, est devenue un classique. La mandoline jouée comme un clavecin, les insertions rythmiques imprévisibles de guimbarde, de saxophone soprano et de contrebasse électrique, donnent une impression de grotesque et accompagnent la psychologie tourmentée du personnage principal.

Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon s’inscrit dans le cycle de portraits de la société italienne que Petri a entrepris, il y raconte la police et le pouvoir politique tout comme il avait raconté la condition ouvrière dans La classe ouvrière va au paradis et tout comme il fera pour le rôle de l’argent dans La Propriété, c’est plus le vol et sur la démocratie chrétienne dans Todo modo.

On dit qu’Elio Petri se réfugia à Paris quand Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon sortit en Italie. Le cinéaste avait montré le mixage final à Cesare Zavattini, Mario Monicelli et Ettore Scola : « fuyez ! », lui avaient-ils dit.

  • Prix spécial du Jury au Festival de Cannes 1970.
  • Prix FIPRESCI du Festival de Cannes 1970.
  • David di Donatello du meilleur film 1970.
  • Prix Edgar-Allan-Poe 1971 du meilleur scénario pour Ugo Pirro et Elio Petri.
  • Oscar du meilleur film en langue étrangère 1971.
  • Ruban d’argent du meilleur réalisateur 1971 pour Elio Petri.
  • Ruban d’argent du meilleur acteur 1971 pour Gian Maria Volontè.
  • Nomination au Golden Globe du meilleur film en langue étrangère 1971.
  • Nomination à l’Oscar du meilleur scénario original 1972.

Le dernier face à face

Sergio Sollima, 1967

Le dernier face à face Sollima_67Le professeur Brad Fletcher (Volontè), un enseignant de la Nouvelle-Angleterre, quitte son travail pour raisons de santé et voyage jusqu’au Texas.

Après être arrivé dans l’ouest, il finit pris en otage par un hors-la-loi blessé, Solomon « Beauregard » Bennet (Milián). Fletcher l’aide à se soigner et tente de le convaincre qu’il a plus de valeur vivant que mort.

Via cette « amitié », Fletcher prend goût à la vie de hors-la-loi.

Au lieu de retourner à sa vie d’honnête homme, il décide de rejoindre la Horde sauvage de Bennet.

Durée 108 minutes

  • Tomás Milián (VF : Pierre Hatet) : Solomon “Beauregard” Bennet
  • Gian Maria Volontè (VF : Jacques Thébault) : professeur Brett Fletcher
  • William Berger (VF : Alain Dorval) : Charley Siringo
  • Jolanda Modio : Maria
  • Gianni Rizzo : Williams
  • Carole André : Cattle Annie
  • Ángel del Pozo : Maximilian de Winton
  • Aldo Sambrell : Zachary Chase

Le cercle rouge

Jean-Pierre Melville, 1970

Le cercle rouge Melville_70Après cinq ans d’emprisonnement dans un établissement pénitentiaire de Marseille, Corey (Delon) est sur le point d’être libéré.

La veille de sa sortie, le gardien-chef de la prison lui propose une affaire. Sitôt libre, Corey rend visite à son ancien comparse, un nommé Rico, caïd enrichi, devenu amant de sa petite amie.

Corey contraint le malfrat à lui remettre une somme d’argent liquide importante. Amer, ce dernier dépêche deux sbires aux trousses de Corey.

Dans une salle de billard, Corey saisit une queue et, à l’aide d’une craie rouge, trace sur son procédé un cercle qu’il remplit ensuite, avant de disperser les boules. Les hommes de Rico le rejoignent, l’entretien se termine dans le sang. Mais Corey en repart indemne. Il achète une Plymouth Fury III 1966 remarquée dans la vitrine d’un revendeur automobile, et entreprend de regagner son domicile du 16e arrondissement de Paris.

Pendant ce temps, un malfrat du nom de Vogel (Gian Maria Volontè) est escorté par le commissaire Mattei (Bourvil) de Marseille à Paris par le train de nuit. Malgré la vigilance du policier, Vogel s’évade en sautant par la fenêtre du train. Il parvient à échapper aux coups de feu du commissaire ainsi qu’aux battues des gendarmes et de leurs chiens. Au terme d’une harassante fuite à pied, il s’arrête devant un restaurant de bord de route (le légendaire « Relairoute »…) et se glisse dans le coffre déverrouillé d’une voiture qui se trouve être celle de Corey.

Les deux hommes s’estiment aussitôt. Deux nouveaux sbires de Rico les prennent en chasse, malheur leur en prendra. Vogel et Corey décident de s’associer sur la fameuse affaire, le casse d’une bijouterie place Vendôme. Le cambriolage ne réussit que grâce à la complicité et surtout l’habileté de Jansen (Montand), ancien policier alcoolique — devenu sobre — et tireur d’exception.

Il reste à confier les bijoux volés à un receleur qui accepte de courir le risque, et c’est là que cela va se compliquer pour Corey, Vogel et Jansen.

Durée 140 minutes

  • Alain Delon : Corey
  • André Bourvil (ainsi crédité au générique) : le commissaire François Mattei
  • Gian Maria Volonte (VF : Serge Sauvion) : Vogel
  • Yves Montand : Jansen
  • François Périer : Santi
  • Paul Crauchet : le receleur
  • Paul Amiot : l’inspecteur général de la police
  • Pierre Collet : le gardien de prison
  • André Ekyan : Rico
  • Jean-Pierre Posier : l’assistant de Mattei
  • Yves Arcanel : le juge d’instruction
  • René Berthier : le directeur de la PJ
  • Jean-Marc Boris : le fils Santi
  • Jean Champion : le garde-barrière
  • Yvan Chiffre : un policier
  • Anna Douking : l’ancienne amie de Corey (comme Ana Douking)
  • Robert Favart : le vendeur chez Mauboussin
  • Roger Fradet : un policier
  • Édouard Francomme : le gardien du billard (comme Edouard Francomme)
  • Jean Franval : le tenancier d’hôtel
  • Jacques Galland : le chef de train
  • Jean-Pierre Castaldi : le portier du bar « Le Santi’s » (non crédité)

AUTOUR DU FILM

Le film s’ouvre sur une citation apocryphe de Râmakrishna: « Çakya Muni le solitaire dit Sidarta Gautama le sage dit le Bouddah se saisit d’un morceau de craie rouge, traça un cercle et dit : – Quand les hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents ; au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. »

Quand Corey, fraîchement libéré de prison, revient dans le club de billard où il avait ses habitudes, il se saisit d’une queue de billard et trace un cercle autour du procédé à la craie rouge. Traditionnellement, la craie de billard est plutôt bleue. L’usage du rouge n’est pas une pratique courante.

La séquence du casse dure 25 minutes sans aucun dialogue. À noter également que les 7 premières minutes ne comportent pas non plus de dialogues.